Wednesday, December 21, 2005

Men taking the pill


The Guardian last saturday had an interesting article about the 'male pill'. Research in this aera has never stopped and is trying to get past various obstacles, most notably hormonal issues men could evetually come across if they were to take the pill as contraception.

Women know the pill and its drawbacks too well: weight gain, mood swings, headaches, etc. Wether or not the male pill will become a 'reality' or a 'choice' available to heterosexual couples is only a question of time.

But the most interetsing part of the article is when the journalist reflects on whether or not women would and should trust their partner to take the pill on a daily basis:

"Another obstacle is one of perception: how many men will be happy playing around with their body chemistry - even if they rarely think twice about their partners doing it themselves? And aren't injections more bothersome than a daily pill?

The other major concern is the effect on sexual behaviour itself. No pill provides protection against sexually transmitted diseases - which many fear would rise if the male pill became reality. But the biggest issue of all is, of course, one of trust. How many women - particularly those not in long-term relationships - would have confidence in their partner's ability to take the lead in birth control? Can a gender that is so poor at remembering anniversaries remember to keep up a regular fertility routine?

The answer is that women are probably unlikely to relinquish complete control over reproductive matters. Bizarre Hollywood films involving the governor of California aside, it is the woman, after all, who has to give birth. It might take two to tango, but they will always fear man's ability to run away when the music stops."

Very true indeed. After all, it's been too often said that the pill was a 'woman' issue only, since she was in control of her body. Alas, too few people are willing to underline over and over again that sexual intercourses takes two. Therefore both parties should be responsible.

Would you trust your partner to take the pill everyday?
A lot of women would be likely to answer 'no', since they consider it is 1. their duty or 2. dangerous since women have been educated not to forget to take it every single day, something that would be completely new to men, and that maybe they would view as less important since they would not end up being the one having to bare the responsability of carrying a human being in their womb for nine months.

As I read the article I could not help but think about the last episod of the TV series Six Feet Under, where the mother is talking to the new-mother who fears for her newborn well being. "At the end of the day, a mother is always the lonely one".

Le Royaume-Uni rejoint le peloton

Après les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne et le Canada, le Royaume-Uni est le 5ème pays au monde à reconnaître le mariage gay. Même si le nom diffère de « mariage » (civil partnership), les effets légaux sont les mêmes. Il est possible de voir cette évolution comme une victoire pour les mouvements LGBT, ceux-ci se sont longtemps battus pour ce droit à l’égalité. Il est sans doute temps de rappeler la polémique entourant le mariage gay, au sein même de la communauté. Les associations LGBT de terrain, les militants, sont largement en faveur de l’ouverture du mariage aux homos. Contrairement aux universitaires des queer studies (particulièrement présents en Amérique du Nord) qui perçoivent cette pseudo victoire comme un mouvement malheureux.

Les arguments de chacun sont clairs. Alors que les militants LGBT plaident pour l’égalité de tous, sans distinction de genre ni d’orientation sexuelle (c’est-à-dire le strict respect des principes démocratiques), les universitaires queer perçoivent le mariage homo comme un renforcement du mariage en tant qu’Institution qui a longtemps été un moyen d’oppression des gays. Ce serait en effet la reconnaissance du caractère positif du mariage avec toutes les valeurs qui l’accompagnent. Au nombres desquelles l’homosexualité ne figurent pas. Contrairement à d’autres qui lui sont clairement étrangères comme la Patriarchie (le mariage étant perçu comme le moyen pour les hommes de dominer les femmes). Toujours selon les queer studies et la plupart des universitaires y participant, le mariage est trop entouré de symboles d’oppression pour être désirable par les gays, lesbiennes, etc.

Au-delà de ces querelles, qui ont tout leur intérêt, on pourra simplement observer le bonheur de centaines de personnes en Irlande du Nord, en Ecosse, au Pays de Galle et en Angleterre ces dernières 48 heures. Reconnaissance légale de l’existence de la personne aimée, reconnaissance aux yeux de l’Administration, reconnaissance sociétale, reconnaissance symbolique : le mariage gay représente un progrès pour le droit. Pour la protection de certains droits désormais estimés essentiels dans nos sociétés.

A quand le tour de la France ?

P.S : On notera tout de même l’absence totale de visibilité des lesbiennes…, révélatrice de la représentation de l’homosexualité dans l’imaginaire collectif.

Tuesday, December 20, 2005

Billingual entry/Double post billingue: Volte Face magazine now officially available


L'équipe de Volte Face est fière de vous annoncer le lancement de son premier numéro à Rennes! Nous avons tiré le magazine à 300 exemplaires, et plus a venir. Si vous n'êtes pas à Rennes et que notre projet vous intéresse, envoyez nous un email avec votre adresse, et nous serons ravis de vous en envoyer un exemplaire à nos frais [voltefacemag at gmail dot com].

Volte Face team is proud to announce the launch of its, erm, amazing campaign!
We pusblished the first edition of our magazine, and it is now distributed in Rennes. If you live outside France/Rennes and would like to receive a copy of our magazine free of charge, don't hesitate and email us with your adress at [voltefacemag at gmail dot com].

Monday, December 12, 2005


A link was sent to me by a friend last week: It is napstergirl, an ad for Napster - a P2P server for music downloads. A woman is seen stripping before stopping right before taking all of her clothes off. The ad itself is ethically questionable for feminists, but then again it is quite frequent to see the use of women and their sexual (ab)use in the advertisement industry. Objectification is too common for people to even be shocked by it: a woman is just, in the eyes of the audience, a sensual object to be looked at and desired. I'd like to think there's more to human relations to this, but then again, I keep on being proved wrong.

Saturday, December 10, 2005

Faits divers

Les femmes politiques : mère ou pas mère là n’est pas la question.

La première femme pas mère chancelière d’Allemagne.

Mardi 22 novembre, Angela Merkel a été élue chef de l’état allemand, elle est la première femme à accéder à ce poste dans l’histoire de ce pays. Une femme à qui on a reproché, notamment ses opposants de la gauche, de ne pas être une vrai femme parce qu’elle n’avait pas eu d’enfants.

Une femme-mère socialiste
candidate à la présidentielle ?

Ségolène Royale avait laissé entendre qu’elle pourrait se présenter à la candidature pour l’élection présidentielle de 2007. Ses homologues masculins se sont alors inquiétés de savoir si, en tant que mère de famille et avec un mari très occupé, elle réussirait à faire garder ses enfants.

Méfaits divers :

Violence contre les femmes :

Violences physiques :

Le 25 novembre était déclaré la journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. En France, selon l’Association ‘Ni Putes Ni Soumises’, tous les quatre jours une femme serait assassinée par son partenaire ou ex-partenaire.

Chahrazad, 18 ans était brûlée vive le 13 novembre dernier par son ex-partenaire.

Violences symboliques :

Il fait nuit, la route est recouverte de deux centimètres de neige. Un vélo roule sur une piste cyclabe et grille un feu rouge. La voiture arrêtée au feu rouge klaxonne et le conducteur crie quelque chose. Puis, le feu vert, la voiture s’arrête à la hauteur du cycliste. Le conducteur ouvre sa fenêtre et balance : « Eh, saAÂÂlope,blablabla, PUTain. ». Quel est le lien entre griller un feu rouge et être une salope ?

Minorités sexuelles :

Chez nos cousins

Dans la nuit du 1er au 2 décembre, les députés belges ont adopté une loi ouvrant le droit à l’adoption aux gays et lesbiennes. Cette décision permet, par la même occasion, la régularisation des familles homoparentales qui existaient de fait mais pas dans les textes juridiques. Après le Québec en 2002, force est de reconnaître que la Francophonie donne des leçons à la France en matière de progressisme.


Inquiétudes polonaises


Des manifestations d’associations de défense des droits LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels & Transsexuels) ont été brutalement réprimé par la police polonaise au courant du mois de novembre dernier. A cette occasion, les médias polonais se sont fait l’écho de paroles clairement homophobes de la part de plusieurs personnalités politiques majeures en Pologne. Le plus grand des nouveaux Etats-membres de l’Union Européenne a encore des efforts à faire pour intégrer les valeurs européennes qu’il prétend défendre : la tolérance et l’égalité en font partie.

Tuesday, December 06, 2005

Daily oppression

When you are walking in the streets that seem so familiar and known to you,
When you are reading your favourite magazines,
When you are talking to your best friends or parents,
When you are interacting with your girlfriend or boyfriend or other,

Don't you think that you may help what is actually oppressing you? Let's just pose it simply : just try to wonder whether or not what you're looking at (movie, picture, adverts) is increasing or challenging clichés about masculinity and/or femininity. Is what I am looking at or hearing or hearing a stereotype or not ? Somehow, it can change your whole vision of your daily life.

I tried this, once. Just by looking at a beautiful picture, an add actually, for a new perfume. Despite my aesthetic judgment (gorgeous work, indeed), I couldn't help but felt myself disturbed by the way the girl and the guy on the picture were represented. I was trying to guess why the position of the girl looked both "normal" AND inappropriate to my own values. I found the word : SUBMISSION. The girl was deliberately represented as the object. Both for the guy of the picture AND the spectator. Gender's mainstream images (that is, submission and objectivisation of women) were enforced by this kind of Art. Personaly, I have always prefered challenges...

From this moment on, I couldn't help but questioned every day my perceptions of my direct environment and how it relates to my own perceptions of gender and sexuality (in its broad meaning). Try it, use it and challenge. You can call it "Day-to-day Resistance".

Have a nice challenging day.

B.V.

Saturday, December 03, 2005

L’autre prostitution

Vous êtes-vous déjà posés la question de savoir pourquoi, alors qu’elle existe bel et bien, la prostitution masculine est aussi peu médiatisée, aussi peu étudiée ? Contrairement à la prostitution féminine qui fait régulièrement l’objet de reportages et qui semble être l’unique cible des lois récemment adoptées pour lutter contre la prostitution, son homologue masculine est totalement ignorée.

- par B.V.

En terrain inconnu
La prostitution masculine est-elle ignorée car on n’imagine pas spontanément des hommes utilisant leurs corps pour en tirer une source de revenus ? Vivant dans des sociétés dominées par des institutions patriarcales où les femmes ont été longtemps déconsidérées (et le sont encore dans bien des domaines), l’idée des hommes pratiquant un ‘travail’ considéré comme associé à l’univers féminin a longtemps été mise de côté jusqu’à ce que les milieux scientifiques et juridiques commencent à s’en saisir pendant les années 50 et majoritairement aux Etats-Unis. Très peu de choses sont connues sur la prostitution masculine puisque les première études sur ce thème proviennent de la sociologie et sont majoritairement des études de cas commencées dans les années 1980. La prostitution masculine est un domaine d’étude très peu investi. A la fois parce que difficile à étudier de par sa nature clandestine, et aussi parce qu’il est déconsidéré, voire méprisé, par les institutions et les acteurs bien-pensants.

Une grande diversité

Contrairement aux idées reçues, les prostitués ne sont pas tous des homosexuels vendant leurs corps dans la rue pour des clients homosexuels également, ne trouvant pas d’autres moyens de combler leurs pulsions sexuelles jugées, par nature, condamnables. Il se trouve dans les rangs de la prostitution masculine une part importante de jeunes gens hétérosexuels qui y trouvent un moyen de survie ou bien une source de revenus importante. Le milieu de la prostitution apparaît comme très fragmenté, aussi bien en ce qui concerne les personnes mêmes qui y travaillent (milieu d’origine, âge, orientations sexuelles varient de façon très importante d’une personne à l’autre) mais aussi la perception de soi-même par rapport à la prostitution ou enfin la façon de se prostituer. Certains se prostituent dans la rue, d’autres dans les clubs, dans les bars, via des petites annonces par journaux, magazines ou bien enfin sur Internet. Cette très grande diversité des réalités de la prostitution masculine est un facteur à garder à l’esprit lorsque l’on tente de comprendre les enjeux qui gravitent autour de cet univers.

Une activité méprisée

Représente-elle un danger ? Est-elle viscéralement dérangeante pour les acteurs dominants de nos sociétés démocratiques occidentales ? Pourquoi la prostitution masculine homosexuelle est aussi dérangeante pour la plupart d’entre nous, voire pour les prostitués eux-mêmes ? Ce qui les empêche aussi de se constituer en organisations à même de défendre leurs intérêts.

La plupart des études effectuées auprès des ‘travailleurs du sexe’ montrent qu’ils sont entraînés à vendre leur corps dans la rue (ou ailleurs, dans des clubs ou bien sur Internet) suite à un rejet ou bien à un départ volontaire du milieu familial d’origine. La plupart du temps, l’excuse trouvée pour expliquer qu’un adolescent se prostitue est qu’il a été la victime d’un viol pendant son enfance (par un homosexuel caché souvent d’ailleurs…). Or, il ressort des études que, quand bien même cette explication est parfois valide, la plupart des prostitués se retrouvent dehors suite à un départ prématuré de leur environnement familial. C’est alors qu’ils se retrouvent seul et sans ressources qu’ils sont le plus vulnérables à la prostitution et que commence alors la spirale infernale. Le facteur dérangeant dans ce constat, et qui apparaît comme un des facteurs d’explication du mépris exprimé envers la prostitution masculine est que celle-ci est une preuve vivante de l’échec de la structure familiale moderne occidentale. En effet, comment considérer comme viable un modèle d’organisation qui laisse sur le bord du trottoir un nombre non négligeable de ses enfants ? Or, par leur existence même, les prostitués interrogent la viabilité de la structure familiale. Cette interrogation est inenvisageable pour la plupart des gens : il apparaît donc capital de la camoufler, de renier son existence.

Une remise en cause de l’Institution amoureuse

Aussi bizarre que ceci puisse paraître, il s’agit de l’Amour. En effet la prostitution masculine apparaît être à l’opposé de ce que chacun d’entre nous s’est vu enseigné comme conception de l’Amour (à travers les médias, le cinéma, les histoires de princes et autres dulcinées) : homosexuel, vénal, sexuel, sans aucun sentiment, etc. Dans ce sens, elle apparaît comme l’antithèse même de la notion dite victorienne de l’Amour, et menace celle-ci en faisant apparaître l’existence de modèles alternatifs de rapports intimes entre deux êtres humains. Par son existence même, la prostitution masculine attaque cet élément central des institutions hétéronormatives (c’est-à-dire l’ensemble des éléments culturels, sociaux, économiques, religieux et scientifiques qui assurent la domination hétérosexuelle dans l’échelle des sexualités) qu’est l’Amour.

L’élément le plus dérangeant concernant la prostitution masculine est sans doute le fait que les clients qui la nourrissent ne correspondent pas véritablement aux images que l’on s’en fait. En effet, loin d’être en majorité des homosexuels frustrés, les entretiens menés auprès des prostitués font ressortir le fait que les clients sont généralement des hommes qui se définissent comme hétérosexuels, mariés avec des enfants parfois, et jouissant d’une position sociale tout à fait correct, socialement parlant. Il est tout de même assez ironique de remarquer que ces mêmes personnes qui dominent la société en imposant leurs valeurs (c’est-à-dire les hommes, hétérosexuels et blancs) sont les premiers clients de la prostitution masculine. Dans ce cas précis, penchants sexuels et identités sexuelles ne correspondent pas. Ces personnes qui se pensent et se disent hétérosexuels se livrent cependant à des actes homosexuels clandestins et cachés. Attrait de l’interdit et du danger ou volonté d’échapper à une vie monotone et réglée ? Il apparaît plutôt, et c’est peut-être aussi pour ça que la prostitution, masculine est aussi peu prise en charge comme sujet de société et politique, que la prostitution masculine questionne fortement la distinction entre homosexuels et hétérosexuels. Apparemment, de nombreuses personnes ne se sentent pas à l’aise avec ces deux identités puisqu’elles se livrent à des actes en contradiction avec leur identité sexuelle, et trouvent dans la clandestinité et la promiscuité sexuelle le moyen de soulager ce mal de vivre sexuel.

Tous ces problèmes soulevés par les travailleurs du sexe amènent incontestablement à leur rejet : ce n’est pas la première fois que l’on préfère se voiler la face plutôt que de se questionner fondamentalement sur l’organisation et les valeurs de nos sociétés. Mais il est indéniable que les prostitués ne méritent en rien les oppressions qu’ils subissent, et particulièrement de la part des pouvoirs publics. Si la prostitution est occasionnellement un choix, c’est la plupart du temps la seule solution qui apparaît valable à des jeunes sans ressources et devant trouver de quoi manger et vivre. Plutôt que de les rejeter aux confins des villes, dans des endroits encore plus dangereux que ceux où ils officient habituellement, les autorités publiques devraient se saisir du problème afin de proposer des solutions viables de sortie de ce système implacable qu’est la prostitution. Quitte à se remettre soi-même en cause auparavant…

Quelle guerre des sexes ?



- par Aurelie P & Remi

Je suis une féministe et je ne pense pas que tous les hommes soient des salauds. On parle souvent du mâle comme s’il n’y avait qu’une seule définition du masculin. En réalité il y a autant de différences entre les hommes qu’entre les hommes et les femmes. La première est bien entendu celle de l’orientation sexuelle ; les gays ne correspondent pas au modèle masculin majoritaire. D’autres différences primordiales sont celles de la classe sociale, du lieu de vie, de l’origine ethnique ou de la religion.
Enfin au sein même de chaque ensemble, il y a ceux qui acceptent le rôle que la société leur donne, ceux qui en sont victimes et le subissent, et ceux qui le rejettent. Il n’y a en fait que très peu d’hommes, s’il y en a, qui correspondent au modèle de l’homme viril et, ce qui va souvent de paire, machiste. Si la majorité des hommes participent, souvent inconsciemment, à la perpétuation des inégalités sexuelles ; et si peu d’entre eux se sentent concernés par la cause féministe, c’est qu’ils estiment que c’est une cause passée, et qu’ils ne voient pas le fossé qui sépare toujours les droits des hommes et ceux des femmes.


Je suis un homme et je ne pense pas que les femmes féministes soient des sauvages ou des chiennes de garde comme elles sont souvent caricaturées.
Ce sont au contraire des femmes sensibles à toutes les dégradations quotidiennes dont elles font l’objet. L’image qu’elles ont héritée vient du fait qu’elles ont cherché à rompre avec l’ordre établi et ceci a été parfois fait de façon très revendicative. Le féminisme est un mouvement transnational qui a reçu l’image de quelques groupes ayant choqué l’opinion comme celle des suffragettes en Grande Bretagne. Elles allèrent en effet jusqu’à s’enchaîner devant le Parlement en 1907 pour obtenir un droit qui nous paraît si évident de nos jours : le droit de vote. De la même façon qu’on ne comprenait pas ces féministes exigeant des droits civiques essentiels, un siècle plus tard la société ne saisit pas plus les revendications du mouvement.


Oui, on peut être féministe et aimer un homme.
Mais aimer ne signifie pas adorer, il ne s’agit pas de tout accepter sous prétexte que « oui mais je l’aime ». Le but n’est pas non plus de « jouer avec leurs sentiments » au nom de la révolution sexuelle. Les femmes ne sont pas soit de faibles victimes soit des mégères dominatrices. Je suis féministe et il se trouve que la personne que j’aime est un homme, mais ce pourrait tout aussi bien être une femme. J’aime un homme comme j’aimerais une femme : pour partager ce que je vis sans souffrir ni faire souffrir. Pour cela la relation doit être basée sur un respect mutuel et sur un rapport d’égal à égal quel que soit le sexe du partenaire.


Non, les féministes ne revendiquent pas la supériorité de la femme sur l’homme. Souvent les hommes s’opposent au féminisme de façon spontanée sans même savoir ce dont il s’agit. Une telle réaction est basée sur la peur fondamentale et inconsciente des hommes de perdre leur pouvoir. C’est une méconnaissance d’un mouvement dont les revendications ne sont pas fondées sur un désir de domination sur autrui. Bien au contraire ! Il s’agit ici de défendre des droits estimés fondamentaux quand ils concernent les hommes. Mais que sont ces droits ? Les femmes n’ont-elles pas déjà tout obtenu avec le droit à l’avortement, la formidable avancée de la pilule contraceptive ou alors l’entrée des femmes dans le monde du travail ? Et bien non. La liste des problèmes est longue, à commencer par les femmes battues, le viol, le viol intra conjugale souvent oublié, la discrimination à l’emploi, les différences de salaires, les insultes, les blagues machistes, les remarques du quotidien rappelant à la femme sa soi-disant infériorité comme ‘c’est encore une femme qui conduit !’, les gestes aussi comme une innocente main sur l’épaule ou sur la hanche, ce qu’on ne ferait pas pour un homme car ce serait atteindre son honneur… c’est tout ça le féminisme.


Non, les hommes ne sont pas les ennemis du féminisme.
On a assisté depuis les quinze dernières années à des mouvements masculins en réaction au féminisme au nom d’une perte d’identité. Après le « métrosexuel », homme sensible à qui on attribuait beaucoup de caractères traditionnellement féminins et qui s’habillait à la mode gay ; l’ « übersexuel » réaffirme son aspect viril et séducteur genre George Clooney. Malgré que ces concepts aient un aspect marketing très fort, ils témoignent de la remise en cause de l’identité masculine qui n’aurait pas trouvé sa place après les mouvements féministes des années 70-80. Pourtant les hommes ont un rôle majeur à jouer dans le féminisme, ce sont eux qui détiennent les places du pouvoir et en faisant partie du mouvement même, ils pourraient redéfinir leur identité modèle en accord avec l’égalité des sexes.


Oui, toutes les femmes devraient êtres des féministes.
Elles sont toutes concernées par ce qui se passe actuellement, qu’elles soient riches ou pauvres, laides ou belles, intelligentes ou pas (« militantes ou non » à la place), toutes les femmes devraient rejoindre le mouvement. Mais attention, il serait dangereux de croire que seules les femmes ont un rôle à jouer. Les femmes sans les hommes ne sont rien, pas plus que les hommes sans les femmes. Ces derniers sont d’ailleurs au plus haut point concernés car il faut bien se rappeler que se battre pour la cause féministe ce n’est pas simplement changer l’image et les droits de sa conjointe mais c’est aussi agir pour sa mère, sa sœur ou bien même sa fille ! C’est en fait toute une société qui doit se transformer dans son intérêt, pour le bien de toutes et de tous. C’est pour toutes ces raisons que je suis fier d’affirmer que je suis un homme, et je suis féministe.

Thursday, December 01, 2005

Le ré-enfantement du monde

La vie des femmes est rythmée par leurs règles, que l’on prend pourtant soin de cacher aux yeux de tous. Gloria Steinem a imaginé le temps d’un livre un monde où les menstruations seraient masculines.
- par Aurélie Plaçais

‘Machin’, ‘truc’, ‘ragnagna’, ‘mais tu sais bien’, ‘truc de fille’, ‘mauvaise période’, ‘règles’ ; autant de codes inventés pour désigner ce que l’on n’ose jamais prononcer tout haut : les menstruations. Avez-vous déjà entendu une petite fille ou une femme parler ouvertement et sans gène de ses menstruations ? Moi non plus ! Et pour cause, depuis le premier jour où, petites filles, les femmes ont vu du sang coulé de leur sexe, ça n’a été sujet qu’à tracasserie. D’abord ‘ça fait peur’ puis ‘ça fait mal’. C’est toujours trop tôt: ‘je n’étais pas encore prête’ ; ou trop tard : ‘j’avais honte car toutes mes copines les avaient et pas moi’. Mais surtout, c’est le sujet de moquerie préféré des garçons et des hommes, c’est à celui qui verra le premier du sang sur la chaise ou le pantalon de sa sœur ou copine et qui ébruitera la rumeur. Enfin c’est le petit ami ou le mari qui refuse tout rapport sexuel pendant cette période sous prétexte que c’est ‘sale’ alors que ce n’est pas plus ‘sale’ que le sperme.

Un sang impur

A bien regarder, ce phénomène n’est pas étrange. La perte mensuelle de sang chez les femmes a toujours été considérée en termes négatifs : sujet de honte qu’il convient de cacher, lié à l’impureté, à la saleté et à la souffrance. Selon la tradition judéo-chrétienne, la femme doit se retirer du monde pendant ses menstruations, elle ne doit être approchée d’aucun homme et tout ce qu’elle touche est considéré comme salit (Le Léviatan.15 :19-30). De même, dans la tradition arabo-musulmane, le sang est considéré comme impur, la femme est ‘malade’ et les hommes ne doivent pas s’approcher d’elle tant qu’elle ne se sera pas purifiée (le Coran 2 :222). Ainsi, pendant leur menstruation, les femmes ne peuvent pas se tourner vers la Mecque, elles doivent cesser le Ramadan durant cette période et prolonger le jeûne d’une semaine plus tard. Enfin d’après la tradition chinoise confucéenne et taoïste, le sang féminin est associé à la froideur, à la saleté, à la mort alors que le sperme par exemple est lié à la chaleur, à la puissance et à la vie.

Le pouvoir de donner la vie

Pourtant les femmes devraient être fières de ce pouvoir qu’est le leur : le pouvoir d’enfanter. En effet, les menstruations sont un indicateur de bonne santé et de bon fonctionnement de l’appareil reproductif. Si une femme ‘a ses règles’, c’est parce qu’il n’y a pas eu fécondation de l’ovule et que la muqueuse qui devait servir à accueillir un potentiel ovule fécondé se désagrège. De même si les femmes ‘souffrent’ c’est parce que le muscle qui active l’écoulement du sang est en bonne santé. Elle devrait donc se réjouir et fêter cet heureux événement. A l’inverse, maintenant qu’il est scientifiquement possible, même si politiquement admis dans très peu de pays, de contrôler les naissances, ce peut être un soulagement, celui de se dire ‘ouf je ne suis pas enceinte’. Ce serait donc en réalité le fait de ne pas avoir ses menstruations qui poserait problème comme témoin d’une mauvaise santé ou d’une grossesse non désirée.

Les règles au masculin


En 1983, dans Outrageous Acts and Everyday Rebellions Gloria Steinem a écrit un chapitre succulent intitulé : ‘Si les hommes avaient des menstruations’. Elle imagine un monde où les hommes, fiers de leur ‘règles’ l’utiliserait comme preuve de leur supériorité, de leur capacité innée à mesurer le temps, et par-là même à exceller dans les matières scientifiques. Les protections hygiéniques seraient gratuites, des recherches seraient faites du coté des crampes et pas des attaques cardiaques, des émissions de télévision et la presse en parleraient ouvertement. Le début des menstruations serait l’occasion de cérémonies grandioses, la ménopause serait célébrée comme symbole de la fin du cycle de la sagesse et les rapports sexuels pendant la période seraient privilégiés car procurant plus de plaisir. Elle conclut en disant : ‘la vérité c’est que si les hommes avaient des menstruations, ils continueraient à justifier leur pouvoir’.

Ainsi les menstruations ne sont pas un ‘truc’ infamant en soi, la vision actuelle que nos sociétés en ont a été construite au fil du temps quelque soit le pays d’origine, la religion et la tradition. Cette vision si négative est peut-être un signe de la volonté des hommes de contrôler ce à quoi ils ne peuvent prétendre : le pouvoir de donner la vie. En avilissant le processus et en accentuant l’aspect méprisant, ‘sale’ et douloureux de l’enfantement, les hommes ont réussi à écarter le danger que représenterait une femme consciente de son pouvoir